a. La destruction et la fragmentation des habitats
La destruction et la fragmentation des habitats sont les principales causes mondiales de la perte de biodiversité. La modification de l’habitat peut être dû à une cause naturelle, comme une sécheresse, une maladie, un incendie, un orage, des changements provisoires dans les températures ou les précipitations… Cependant, l’homme est souvent responsable de cette modification. La déforestation, les activités agricoles, l’implantation de barrières comme les autoroutes, les zones résidentielles et les zones industrielles peuvent être néfastes pour la biodiversité.
En Belgique, avec quelques 20% de zones urbanisées, 60% de zones agricoles et un réseau routier de plus de 165 000 km, le morcellement est l’une des grandes menaces de la biodiversité. Les principales victimes sont les grands mammifères tels que les chevreuils et les amphibiens migrateurs qui meurent sous le trafic routier. Mais les études montrent que de plus en plus de groupes de plantes et d’animaux subissent les effets négatifs. Les voies d’eau n'y échappent pas et sont aussi morcelées par des écluses et des barrages, compliquant la migration des poissons.
> Étude de cas : Les abeilles
b. La surexploitation
La biodiversité est à la base de la nourriture et des matières premières de plus de 6 milliards d’êtres humains. Malheureusement, la plupart des écosystèmes qui fournissent ces services ne sont pas exploités de façon durable. La surexploitation affaiblit les populations et entraîne leur disparition. Ses principales formes sont la surpêche, la chasse excessive d'animaux sauvages, l’abattage excessif de bois de chauffage et l’épuisement des terrains agricoles.
L'empreinte écologique montre la charge que l’homme représente pour la Terre. Pour la déterminer, on calcule pour une population définie les besoins en de terre et en eau (nourriture, eau, consommation d'énergie, matériaux de construction et biens de consommation...). Alors que l’empreinte de la population humaine s’élevait à un demi-globe en 1961, la capacité de la Terre est désormais largement dépassée.
Les océans ne sont pas épargnés par la surexploitation. La surpêche est la principale cause mondiale de la perte de biodiversité marine. De plus en plus d’espèces de poissons connaissent un effondrement de leur population. Actuellement, 25% des pêcheries sont surpêchées et pour 50% des zones de pêche, la limite supérieure absolue est en vue.
> Étude de cas : La mer du Nord
c. Les espèces invasives
Les espèces invasives sont des espèces exotiques, qui connaissent une grande expansion faute d’ennemis naturels et qui sont une menace pour la biodiversité indigène. Elles peuvent modifier en profondeur la structure et la composition des espèces d’un écosystème, en devenant prédateurs des espèces indigènes ou en les concurrençant pour la nourriture et les lieux de nidification.
Les espèces invasives arrivent soit involontairement, via le transport international, la lutte chimique et le tourisme, ou alors elles sont placées délibérément par des pisciculteurs ou des maîtres d’animaux domestiques. Les espèces peuvent se disperser sur de grandes distances et en dehors de leurs frontières naturelles. Bien que seul un petit pourcentage des organismes déplacés devienne effectivement invasif, leur impact sur la sécurité alimentaire et la santé des plantes, des animaux et même de l’homme est énorme. Depuis le 17ème siècle, les espèces invasives sont responsables au niveau mondial de 40% de l’extinction des animaux. Elles ont non seulement une influence ravageuse sur la nature, mais elles mettent aussi une forte pression sur l’agriculture, l’économie et la santé publique. Dans le monde entier, les espèces invasives causent chaque année des dommages d’une valeur de plusieurs milliards de dollars.
À l’heure actuelle, en Belgique, plus de 50 espèces de plantes et d’animaux figurent sur la ‘liste noire’ des espèces exotiques invasives. Leur impact sur notre biodiversité n'est pas à sous-estimer. Ainsi, avec ses grandes feuilles, la berce géante du Caucase prive les espèces végétales indigènes de la lumière du soleil. Non seulement les plantes indigènes disparaissent mais aussi les animaux qui en dépendent. Les huîtres japonaises, espèce invasive, et les moules et les coques, espèces indigènes, ont le même régime alimentaire mais les premières connaissent une menace en moins car elles ne sont pas comestibles pour les oiseaux. Les perruches à collier occupent les rares lieux de nidification des oiseaux cavernicoles comme les sittelles et les pics verts. Les tapis denses formés par l’hydrocotyle fausse-renoncule sur l’eau douce retiennent la lumière, la teneur en oxygène de l’eau baisse et la plus grande partie de la vie sous l’eau disparaît, y compris les poissons…
L’invasion de ces espèces exotiques peut provoquer une réaction en chaîne, dont les résultats sont difficilement prévisibles. Les effets cumulés peuvent plus particulièrement déstabiliser l’ensemble de l’écosystème lorsque plusieurs espèces invasives s’installent dans un écosystème.
> Étude de cas : L’hydrocotyle fausse-renoncule
d. Le changement climatique
Le réchauffement de la planète est un fait : l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre provoque une hausse clairement mesurable de la température de la surface de la Terre et des couches inférieures de l’atmosphère. Ces températures élevées entraînent un changement climatique qui résulte entre autres en une hausse du niveau de la mer, des inondations, des sécheresses et la propagation de maladies telles que la malaria.
Les effets du changement climatique sur la biodiversité deviennent visibles dans le monde entier. La vitesse à laquelle les températures et les régimes des précipitations changent a pour conséquence que la plupart des espèces ne seront pas en mesure d’adapter à temps leur mode de vie, ou de migrer vers un habitat avec des conditions environnementales adéquates. De plus, les espèces d’un écosystème ne réagissent pas toutes de la même manière, ce qui remet en question les relations au sein des communautés.
À côté de cela, il y a de nombreuses espèces invasives qui apprécient les températures plus élevées, aux dépens des espèces indigènes qui doivent braver les conditions environnementales changeantes. Les effets du changement climatique sont tellement rapides et variés, qu’ils peuvent même déséquilibrer les écosystèmes les plus stables.
> Étude de cas : Le gobe-mouche noir
e. La pollution et l’eutrophisation
Depuis la révolution industrielle, l’homme surcharge la nature de substances polluantes. Au cours des deux derniers siècles, les grands coupables étaient essentiellement les pays de ‘l’occident riche’, mais les économies à croissance rapide, comme l’Inde et la Chine, marchent à présent sur leurs traces. Des substances comme les pesticides, les PCB, les métaux lourds et le mazout sont souvent présentes en grande quantité dans la nature, où elles causent d'importants dégâts chez les plantes, les animaux et les micro-organismes.
Les exemples d'effets lourds de conséquences à cause des substances polluantes abondent : le déclin des rapaces dû à la bioaccumulation de DDT dans la chaîne alimentaire (voir l’étude de cas), les oiseaux de mer et les mammifères marins retrouvés morts à cause du pétrole provenant des fuites des plateformes de forage et des pétroliers qui ont coulé, les communautés d’eau douce et marines touchées par des déversements industriels toxiques, la surabondance d’hormones féminines qui ne peuvent pas être filtrées de nos eaux usées et qui provoquent des anomalies dans la reproduction des poissons, des grenouilles et d’autres organismes aquatiques.
Á côté de cela, les activités agricoles principalement, mais aussi les émissions et les déversements de l’industrie, du trafic et des ménages, provoquent eutrophisation et acidification. L’eutrophisation est l’apport d’un excès de nutriments, comme l’azote et le phosphore, dans l’environnement. L’acidification se produit lorsque des substances polluantes dans l’atmosphère sont transformées en acides (comme l’acide sulfurique, l’acide nitrique et l’acide carbonique) et retombent sur le sol ou dans l’eau.
L’eutrophisation et l’acidification du sol et de l’eau provoquent des changements fondamentaux dans le cycle des nutriments et dans les processus écologiques au sein des écosystèmes. Ainsi, un excès d’azote, par exemple, a une influence négative sur les espèces végétales à croissance lente, qui, dans les environnements naturellement pauvres en azote, ne peuvent plus rivaliser avec les espèces à croissance rapide, qui profitent de l’excès de nutriments. Dans les lacs et les régions côtières, l’eutrophisation entraîne une prolifération d’algues et de parties pauvres en oxygène, avec pour conséquence une diminution des populations de poissons et d’autres espèces aquatiques. La quantité toujours plus importante de CO2 dans l’atmosphère a un effet acidifiant sur les océans. Une des conséquences les plus graves est la disparition du carbonate de calcium de l’eau de mer provoquant une fragilisation des coquilles ou des squelettes calcaires de certaines espèces.
> Étude de cas : Le faucon pèlerin